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Réformes du permis de conduire
Permis de conduire

Réformes du permis de conduire vu par un visionnaire

12 août 2014

L’abolition quasi-totale de l’examen du permis de conduire au profit d’une formation adaptée !

Réformes du permis de conduire

 

Dominique DUCAMPNous avons rencontré Dominique Ducamp, dirigeant d’Allo-permis, organisateur de stages de sécurité routière dans le cadre du permis à points. (Il est fortement opposé à l’appellation « stage de récupération de points » qu’il trouve trop réductrice). Il a également créé et anime l’Auto Ecole Facile qui forme les conducteurs et les prépare à l’obtention du permis de conduire.

Dominique Ducamp est un des seuls spécialistes sécurité routière à avoir une double formation de psychologue et d’animateur BAFM (Brevet d’Aptitude à la Formation de Moniteur) en France.

Il nous confie dans cet article sa vision et sa volonté de voir mettre en place une vraie réforme du permis de conduire qui devient une promotion de la citoyenneté et de la responsabilité sociale.

Chaque année ce sont 800 000 jeunes qui tentent de passer leur permis de conduire. Face à la difficulté d’obtenir une place d’examen et à ensuite réussir l’épreuve du permis de conduire, il y a une attente forte pour une réforme réaliste et sensée du permis de conduire.

Le permis de conduire est en effet aujourd’hui le passage obligé pour accéder à la mobilité, à l’autonomie et à l’emploi.

 

Interview :

Question : Dominique Ducamp, quel est votre vision du permis de conduire ?

Réponse :Le permis de conduire correspond à un rite de passage à l’âge adulte et d’intégration sociale. Il concerne presque tous les jeunes, quelque soit leur sexe, leur niveau d’éducation, leur culture, leur religion.

Un rite de passage est un rituel marquant le changement de statut social ou sexuel d’un individu, le plus généralement la puberté sociale mais aussi pour d’autres événements comme la naissance ou la ménopause. Le rituel se matérialise le plus souvent par une cérémonie ou des épreuves diverses. Les rites de passage permettent de lier l’individu à un groupe mais aussi de structurer sa vie en étapes précises qui lui permettent d’avoir une perception apaisante de la condition mortelle de l’homme. Ce phénomène est donc un enjeu important pour l’individu, pour la relation entre l’individu et le groupe et pour la cohésion du groupe. » Source WIKIPEDIA

Accueillir dans notre société d’adultes des hommes et des femmes en devenir, c’est d’abord leur faire une place, leur signifier que nous avons besoin d’eux pour faire évoluer le monde, que nous leur faisons confiance et que nous sommes à leurs côtés pour grandir avec eux. Nous devons être capables d’accueillir chacun d’eux.

A travers le passage du permis de conduire, il se joue bien d’autres choses que l’évaluation de la capacité à conduire de la génération montante.

 

Question :Dominique Ducamp, quelle est votre constat concernant le permis de conduire aujourd’hui ?

Réponse :

Quelques chiffres :

  • 1 er examen de France : 1 325 000 épreuves pratiques B en 2013
  • taux de réussite à la première passation du code de la route : 63 % ce qui signifie 37 % d’échec
  • taux de réussite à la première passation de l’épreuve pratique du permis B : 58 % – soit 42 % d’échec – (statistiques nationales 2012)
  • nombre moyen de présentations avant obtention du permis de conduire : non communiqué
  • délai moyen d’attente après un échec : 98 jours (c’est une moyenne, cela peut aller jusqu’à 9 mois dans certains départements)
  • 650 jeunes de 18 à 24 ans tués en 2013 dans un accident de la circulation soit un risque 2 fois supérieur à celui de l’ensemble de la population
  • Les conducteurs ayant un permis depuis moins de 2 ans sont impliqués dans 1 accident sur 4

 

Le dysfonctionnement est clair et massif. Alors que le permis de conduire est un véritable passeport vers l’autonomie, un levier essentiel vers l’intégration professionnelle et sociale, les jeunes se voient signifier :

  • que la société ne s’organise pas pour les accueillir
  • qu’ils sont évalués sans être reconnus
  • que ceux qui ne réussissent pas les épreuves imposées ne seront pas soutenus

 

Les places d’examen sont rares et l’apprenti conducteur peut avoir le sentiment d’être pris en otage par son école de conduite alors que celle-ci dépend des dictats de l’administration. Le système d’attribution des places aux écoles de conduite est pervers car il est basé sur le seul taux de réussite à la première présentation. Le coût de la formation apparaît cher d’autant plus que celle-ci est confondue avec l’examen.

Depuis plus de 20 ans maintenant il existe un goulot d’étranglement pour passer l’examen du permis de conduire dû à des questions d’organisation des épreuves et d’effectif des inspecteurs.

Le processus de formation des conducteurs est hyper réglementé et pourtant la qualité des conducteurs est également contrôlée en fin de formation. Dans l’industrie, cela fait longtemps que si l’on contrôle le processus il n’est plus nécessaire de contrôler chaque unité à la fin du processus.

Que dire d’un système qui depuis plus de vingt ans « fabrique » 40 % de conducteurs non conformes et dont les conducteurs estimés conformes sont présents dans plus de 25 % des accidents mortels ?

Conduire c’est prendre la responsabilité d’utiliser un outil dangereux. Conduire c’est prendre l’engagement de tout mettre en œuvre pour que l’utilisation de cet outil dangereux ne blesse personne. On ne s’autorise que de soi-même.

Est-ce à dire que l’on doit laisser libre accès à ces machines complexes et dont l’utilisation n’est pas sans questionner toute notre société ?

 

Question :Dominique Ducamp, quels seraient à votre sens, les réformes à envisager pour faciliter l’accès au permis de conduire et garantir la sécurité des usagers ?

Réponse : Ce que nous proposons c’est un dispositif de formation et d’intégration accessible à tous. Un dispositif qui est en même temps une opportunité de rencontre, d’échange, de construction et de maturation. Un dispositif qui facilite une meilleure connaissance de soi, des autres et des enjeux liés à la circulation. Ce dispositif contribuera à ce que chacun soit mieux à même de partager l’espace en prenant autrui en compte. En effet circuler avec des modes de transports individuels c’est partager l’espace et tout accident résulte d’un conflit dans le partage de l’espace.

Pour être autorisé à conduire il faudra justifier d’une formation sur véhicule en école de conduite de 30 heures et avoir réussi l’épreuve du code de la route.

A l’issue de ces 30 h, l’école indique le niveau acquis sur plusieurs axes. L’élève peut s’il le souhaite approfondir sa formation, décider de commencer à conduire seul ou opter pour le dispositif de la conduite supervisée.

Avant cela, l’apprenant conducteur bénéficie d’un entretien avec un psychologue pour l’aider à donner du sens à son statut de conducteur et en assumer la responsabilité. Cet entretien est complété par des tests psychotechniques qui permettent d’enrichir l’échange et, dans certains cas, d’identifier des difficultés spécifiques.

A l’issue de ce processus, chaque conducteur signe un engagement citoyen, en préfecture. Cet engagement rappelle les enjeux et les principes à observer pour contribuer à une circulation sereine, respectueuse et sûre.

Durant les 3 années de la période probatoire, le nouveau conducteur doit effectuer une journée de formation, en salle, pour pouvoir interroger l’expérience acquise et approfondir la formation.

A la fin des 3 années de la période probatoire, le conducteur effectue une analyse de conduite, auprès d’un établissement différent de celui qui l’a formé. Cette analyse de conduite, d’une durée d’une heure environ, lui permet d’identifier points forts et pistes de progrès. Elle ne constitue pas un examen mais fait partie intégrante du processus de formation et de validation des conducteurs.

Par la suite, chaque conducteur effectue une journée de formation-rencontre tous les 10 ans pour confronter et faire évoluer ses représentations autour de la conduite à celle des autres usagers.

Ce dispositif serait couplé avec celui du volet pédagogique du permis à points. Le stage actuel de deux jours, actuellement uniquement suivi par des conducteurs ayant été verbalisés serait ouvert à tous. Il ne durerait qu’une journée mais serait complété, pour les conducteurs ayant été verbalisés, par une analyse de conduite.

On abouti alors à un vrai dispositif de prévention, de formation et d’intégration qui aura des résultats féconds au delà de la seule sphère de l’utilisation de nos chers véhicules.

 

Conclusions :

Dominique Ducamp nous donne sa vision de l’état actuel de l’examen du permis de conduire qui comporte des dysfonctionnements chroniques et offre des résultats peu probants. L’examen du permis de conduire aujourd’hui, c’est la raréfaction des places donnant accès à l’examen, un résultat incertain quant à la formation et à la responsabilisation du jeune conducteur. C’est un passage long et difficile pour tous les jeunes apprentis conducteurs avec des coûts de formation souvent exorbitants.

 

shéma formation conducteur

Dominique Ducamp propose alors un tout autre modèle : un permis de conduire basé sur une formation alternative accrue du jeune conducteur et sur son éducation et sa responsabilisation avec :

  • formation au code de la route
  • examen du code de la route
  • 30h de formation obligatoire sur véhicule,
  • Avis consultatif de l’auto-école concernant les aptitudes de l’élève,
  • Un entretien systématique avec un psychologue et le passage de tests psychotechniques
  • Signature d’un engagement de responsabilité
  • Analyse de conduite
  • 1 Journée de formation en salle, en groupe au cours des 3 premières années de permis
  • 1 Journée de formation, tous les 10 ans, pour tous

 

Après formation et entretien avec le psychologue, le nouveau conducteur s’engage en signant un « contrat de responsabilité » avec la préfecture. Il est alors détenteur du permis de conduire et un capital de 6 points y est attribué

La participation à une journée de formation du type « la prévention et nous » autour de différentes thématiques (accidents, hygiène alimentaire, environnement, …) durant la période probatoire est exigée pour que le permis conserve sa validité à l’issue de la période probatoire.

En fin de période probatoire, le conducteur participe à une analyse de conduite qui lui permet de remettre en question les comportements acquis et de continuer à progresser. Cette analyse de conduite ne constitue pas un examen.

Tout conducteur participe, tous les 10 ans, à une formation d’une journée en salle pour interroger ses pratiques de conduite et continuer à progresser. La participation à une de ces formations dans le cadre d’une perte de points devra être complétée par une analyse de conduite pour pouvoir valider une récupération de points.

 

Si vous êtes pour ce type de réforme, réagissez en laissant vos commentaires et partagez cet article sur les réseaux sociaux.

Publié par Louise A
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